Par décret publié au Journal Officiel le 23 avril 2020, la France vient de renforcer sa stratégie énergie climat avec l’adoption de la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour les périodes 2019-2023 et 2024-2028. Enogrid a étudié la partie consacrée à l’autoconsommation : retrouvez les différents extraits accompagnés de nos notes de compréhension et d’analyse.
L’autoconsommation individuelle est le fait de consommer sa propre production d’électricité. Elle est associée à la notion d’autoproduction, qui est le fait de produire sa propre consommation.
Dans la pratique, les sites de consommation auront dans la majorité des cas besoin de recourir pendant certaines périodes au réseau électrique traditionnel soit pour se fournir en électricité, soit pour injecter l’électricité produite en excédent par leur installation de production locale.
Ainsi, fonctionner en autoconsommation ou autoproduction ne signifie pas être en autarcie énergétique.
Effectivement, Il est toujours utile de rappeler qu’autoconsommation ne veut pas dire autarcie. Même s’il est possible de produire autant, voire plus, que ses besoins, il reste nécessaire de s’appuyer sur le réseau.
D’une part, pour assurer la continuité de la fourniture d’électricité dans les périodes où la production locale n’est pas suffisante.
D’autre part, le réseau garanti la qualité de la fourniture électrique qui dépend de paramètres comme les niveaux de tension ou de fréquence, complexes et coûteux à gérer depuis des sources de production décentralisées
Le marché de l’autoconsommation individuelle est désormais un marché mature et en pleine croissance.
Avec des tarifs d’obligation d’achat de vente en totalité ayant baissé ces dernières années tandis que les prix de fourniture augmentaient, il est désormais bien souvent plus rentable d’autoconsommer.
Les projets d’autoconsommation collective se développent également. On compte 20 opérations d’autoconsommation collective en service début 2020, qui regroupent près de 350 participants.
Le cadre réglementaire :
La loi définit les notions d’autoconsommation individuelle et collective, qui peut être « simple » ou « étendue ». L’autoconsommation collective « simple » consiste à associer plusieurs consommateurs et producteurs, liés entre eux au sein d’une même personne morale et situés dans un même bâtiment.
Pour le périmètre étendu, il est prévu que des exceptions soient possibles. Le premier cas envisagé est celui du projet Acoprev, dont la disposition « en enfilade » des villages dans la vallée pourrait bénéficier d’un ajustement de cet arrêté prochainement prévoyant un dispositif spécial autorisant des opérations sur un rayon de 20 km avec une limite de production réhaussée à 5 MW.
Il s’agit à ce jour d’un projet de modification de l’arrêté du 21 novembre 2019. Chez Enogrid, nous sommes très enthousiastes de cette évolution, même s’il convient de rester prudent jusqu’à son officialisation.
L’autoconsommation et la production locale d’énergie représentent une opportunité pour la transition énergétique en permettant l’appropriation par les consommateurs de cette transition. Elles sont destinées à se développer et à prendre une place de plus en plus prégnante dans le mix électrique dans un contexte où :
Malgré un équilibrage parfois difficile de l’équation économique de l’autoconsommation collective, celle-ci présente de nombreux avantages sur le long terme.
Ceux qui s’y intéressent aujourd’hui ont bien compris qu’ils y gagneront au-delà de l’aspect économique.
Le développement de l’autoconsommation ne doit pas se faire au détriment des autres consommateurs d’électricité et plus largement, ne doit pas remettre en cause le principe de solidarité nationale qui régit la tarification de l’utilisation des réseaux publics. Il convient que la tarification applicable aux autoconsommateurs reflète les bénéfices aussi bien que les coûts qu’ils peuvent engendrer sur le système électrique.
Le cadre législatif et réglementaire spécifique à l’autoconsommation (individuelle et collective) est entré en vigueur en 2017 et est en cours de modification suite à l’adoption de la loi relative à l’énergie et au climat. Il comprend des dispositions pour que les gestionnaires de réseau facilitent les opérations d’autoconsommation notamment en équipant d’un compteur Linky les opérations d’autoconsommation collective, précise les responsabilités des participants, et charge également la Commission de régulation de l’énergie d’élaborer un tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (TURPE) spécifique à l’autoconsommation.
Les échanges de l’autoconsommation collective se déroulent sur le réseau de distribution public. A ce titre, il est normal que les autoconsommateurs en collectifs contribuent à financer le développement et la maintenance des infrastructures qu’ils utilisent. La péréquation tarifaire est un très bon principe égalitaire de notre système.
Néanmoins, avec l’introduction d’un TURPE spécifique, il paraîtrait normal que celui-ci représente de manière toute aussi égalitaire les coûts relatifs à sa spécificité.
Il est à espérer que la version 6 du TURPE en constitution par la CRE, et dont l’application est prévue à l’été 2021, prenne mieux en compte cette spécificité que sa version actuelle.
Un cadre de soutien spécifique pour développer l’autoconsommation, a été mis en place :
Ces dispositifs de soutien évolueront afin de rendre éligible à l’arrêté tarifaire les projets en autoconsommation jusqu’à 300 kWc et de rendre l’appel d’offres plus attractifs.
Des travaux seront également menés afin de mettre en place les communautés d’énergie, dans le cadre de la transposition des directives (UE) 2018/2001 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables et 2019/944 concernant des règles communes pour le marché intérieur de l’électricité.
Les soutiens existants sont à ce jour orientés plus vers l’autoconsommation individuelle que collective. Par exemple, il n’est possible en autoconsommation collective d’avoir accès aux primes à l’investissement ou aux tarifs réglementés d’obligation d’achat pour le surplus.
Quant aux appels d’offres de la CRE, si rien n’empêche formellement la candidature d’opérations collectives et que le foisonnement des participants assure très généralement d’excellents taux d’autoconsommation, aucune n’a pu à ce jour s’en retrouver lauréate.
200 000 sites photovoltaïques en autoconsommation en 2023, dont 50 opérations d’autoconsommation collective.
Le chiffre de 200 000 sites en autoconsommation individuelle en 2023 nous apparaît réaliste, si bien qu’il aurait pu être plus optimiste. Il est en revanche très irréaliste de penser qu’il existera uniquement 50 opérations d’autoconsommation collective à cette échéance.
Sur les 7 derniers mois, le nombre d’opération en exploitation est passé de 19 à 30, sachant que certaines ont fusionné suite à la publication du premier arrêté définissant le critère géographique de l’autoconsommation collective « étendue ».
Malgré un ralentissement lié à l’épidémie de Covid-19, il est à prévoir que cet objectif bien peu ambitieux soit atteint avant même la fin de l’année 2020. Sur base de nos observations de terrain, Enogrid tend à croire que le nombre d’opérations d’autoconsommation collective en 2023 sera plus proche des 500 que des 50.
Le développement de l’autoconsommation passe notamment par un besoin de visibilité pour les acteurs sur le cadre qui leur est applicable et sur les différents facteurs susceptibles d’avoir une influence sur le niveau de rentabilité des opérations d’autoconsommation:
Alors que les mesures de soutien à l’autoconsommation collective étaient jusqu’à présent faibles et souvent régionales, cette situation devrait évoluer prochainement.
Si l’on en croit le projet d’ordonnance concernant les communautés d’énergie, dont l’autoconsommation collective représente la face électricité, ou encore les prochains appels d’offres autoconsommation dit PPE2 devant courir de 2020 à 2026, l’autoconsommation collective devrait prochainement bénéficier d’un cadre applicatif plus favorable et de mesures de soutien de l’état.
Ces potentiels évolutions réservent un bel avenir pour ces projets ayant de plus en plus de sens dans notre société en recherche de résilience, de partage et de durabilité, et permettant par ailleurs à la France d’être un des pionniers à l’échelle européenne de ces modèles de demain.